Introduction
“Connais-toi toi-même”, disait déjà le fronton du temple de Delphes, repris par Socrate sur Instagram. Se connaître soi, voilà un des points de passage pour réussir autant le dossier que l’oral.
Le point de départ, c’est que Sciences Po, comme toute autre école d’ailleurs, recrute des gens, pas des robots. On le redit, pour que vous percutiez bien bien : ils veulent des vrais gens, pas des robots (et encore moins Chat GPT).
Concrètement, ça veut dire que Sciences Po s’intéresse beaucoup plus à qui vous êtes vous vraiment, qu’à un vous qui essaierait de ressembler à ce qu’il pense être un bon Sciences Po. On vous donne un exemple. Vous lisez presque tous Le Monde, parce que, pour plein de raisons, on vous a dit que c’était la référence. Vous croyez qu’il faut lire Le Monde quand on présente Sciences Po, il y en a parmi vous qui aiment vraiment Le Monde. Nous on vous dit : si Le Monde vous emmerde, ne lisez pas Le Monde. Lisez autre chose (mais lisez!).
Ou alors, si en vrai, vous n’avez pas spécialement envie de faire plein d’associations à Sciences Po, vous n’êtes pas obligés de dire que vous êtes super engagés et que vous rêvez de ça. Vous pouvez leur dire, moi c’est pas tellement mon kiff, je préfère la stimulation intellectuelle à l’engagement associatif. C’est ça, être soi-même.
Vous comprenez ? Pour tout un tas de raisons dans lesquelles on rentrera plus tard, à notre avis, c’est vraiment plus efficace de se montrer tel qu’on est. Sauf que, se montrer tel qu’on est, le fameux être soi-même, ça demande un peu de boulot, notamment pour savoir ce que ça veut dire “être soi-même”.
L’idée c’est donc d’essayer de se connaître un peu, ou de “conscientiser” cette connaissance de soi en commençant par des exercices assez simples mais très utiles. On ne parle pas de connaissances métaphysiques ou existentielles, mais d’être un peu au clair avec vos intérêts, goûts, idées, valeurs, aspirations etc.
Pour l’instant, on va y aller doucement, et de manière un peu générale, ça suffira pour vous aider à faire votre dossier. Quand on préparera l’oral, on forcera le trait et on ira plus dans le détail (par exemple, en prévoyant toutes les questions à la noix du genre “et si vous deviez emporter qu’un seul livre sur une île déserte”, vous voyez le format, ça sera plus concret).
Allez, faisons un peu d’introspection !
✏️ NB : L’introspection n’est pas une science exacte, voyez donc ce chapitre comme une aide au questionnement et pas comme une méthode exhaustive. Ce qu’on va essayer de faire, c’est à travers un certain nombre de questions, faire en sorte que vous puissiez prendre davantage conscience de vous et des raisons qui vous poussent vers Sciences Po, connaissances sur lesquelles vous pourrez vous appuyer après.
Alors, comme dans ce chapitre, on va quand même remuer l’idée de qui vous êtes et de ce que vous voulez faire dans la vie, deux choses :
1) ça prend du temps, et c’est une étape à laquelle il faut revenir régulièrement. On insiste, ne vous mettez pas martel en tête à essayer de tout démêler dès le début de la préparation. Les réponses viendront au fur et à mesure que vous arriverez à mieux vous connaître et à prendre du recul sur vous et vos aspirations. Et pour pouvoir se donner du temps, mieux vaut en avoir, c’est pourquoi on vous conseille de commencer cette introspection dès que vous le pouvez.
2) On n’attend pas de vous d’avoir des réponses définitives. C’est important de comprendre ça. Ne commencez pas à angoisser, par exemple, sur le fait de ne pas avoir de projet professionnel assez défini. On reviendra là-dessus bien sûr, mais si vous ne savez pas exactement ce que vous voulez, ce n’est pas grave ! L’important c’est de se poser la question du projet assez sérieusement, et montrer au jury dossier et au jury oral que vous vous êtes posé la question que vous avez fait un premier pas dans cette démarche humaine qui est de trouver votre chemin (ou un de vos chemins).
Au passage, nous, qui avons un bon 10 ans de plus que vous, nous ne sommes pas encore tout à fait au clair avec qui nous sommes, et nous ne sommes absolument pas certains de savoir ce que l’on veut faire dans la vie 🙂 Découvrir tout ça est un processus continu : des fois on arrive à des réponses temporaires, mais il est normal de ne pas trouver de réponses absolues et immédiates. L’important, c’est de remuer (et se poser quelques questions est aussi un des avantages d’un concours comme celui-là).
Allez, on va pas attendre qu’il fasse nuit.
Module 1: Dis-moi à quoi tu t’intéresses et je te dirai qui tu es
On reconnaît que se poser la question de qui on est, c’est un peu abrupte. Alors on va y aller mollo, par petites touches, et on espère que ça donnera au moins un début de tableau à la fin.
Connaître ses intérêts Sciences Po
On commence avec les intérêts Sciences Po, c’est-à-dire les sujets qui vous bottent particulièrement et qui entrent dans les domaines de Sciences Po (en gros quels sont les sujets historiques, économiques, politiques, sociaux, qui vous intéressent).
C’est très important de les connaître, et ce pour deux raisons. D’abord, parce que c’est une porte d’entrée vers Sciences Po. Par exemple, si vous êtes conscient du fait que vous kiffez les questions économiques et sociales liées à la transition énergétiques, les problématiques de l’écologie, vous aimez, et que vous aimeriez un jour, peut-être, vous impliquer là dedans, et bien ça peut faire un très bon argument de pourquoi Sciences Po, s’il est bien tourné. Mais ça, on y viendra après.
La deuxième raison, c’est que connaître ses intérêts intellectuels en matière de sujets Sciences Po, ça dit quelque chose de vous. Notre ami Ralph, candidat 2019, qui était très “droit des animaux”, son véganisme disait quelque chose de lui. Et notre ami Léo, candidat 2020, qui lui, au contraire, était passionné de corrida, ça aussi ça disait quelque chose de lui.
Moi par exemple ces derniers temps j’aime la question des institutions, de l’équilibre des pouvoirs, et du rapport de force en politique. J’aime bien aussi celle de la propriété et des inégalités, ces derniers temps. Si vous réfléchissez deux secondes, vous vous rendez compte de l’orientation de ces thématiques, et qu’avec ce genre de préoccupations, j’ai sans doute pas ma carte au FN. Encore une fois, vos sujets vous “définissent” (on met de gros gros guillemets), en tout cas ils disent quelque chose de vous.
Donc, on vous laisse compléter votre liste d’intérêts. Vous pouvez en mettre 30, mais disons, si vous en avez 3,4, 5, 6 qui vous intéressent vraiment vraiment, c’est déjà super.
Parenthèse : on dit que vos sujets vous définissent, c’est un énorme abus de langage. Nous, si on dit que vos lectures ou vos intérêts vous définissent, c’est dans le contexte très particulier du : vous devez, en temps limité, dans le dossier ou à l’oral, montrer au jury un morceau de vous. Vous devez jouer le jeu. Mais gardez en tête que, si toutes ces choses qui donnent l’impression de vous définir, ont leur importance dans le monde de tous les jours, rien de tout ça ne vous définit vraiment.
Connaître vos intérêts intellectuels & humains “hors Sciences Po”
On disait que Sciences Po recrute des personnalités, pas des robots. Or il n’y a pas que vos intérêts dans la sphère Sciences Po qui nous intéresse. Vos intérêts et goûts plus larges nous intéressent tout autant, dans la mesure où ils nous disent, eux aussi, quelque chose de vous.
Précisons au passage que la séparation entre “intérêts Sciences Po” et “intérêts pas Sciences Po” est quelque peu grossière. On essaie juste de faciliter le boulot, et hiérarchiser peut-être un peu aussi, entre votre intérêt pour la IIIe République d’une part, et votre amour du camembert au four d’autre part. Les deux sujets sont exploitables, mais comme dirait Orwell, certains sont plus égaux que d’autres.
Ce qu’on vous demande, c’est de cartographier cette seconde catégorie d’intérêts, pour pouvoir les mettre en avant le moment voulu.
Et là aussi, ça peut prendre 1001 formes :
Un intérêt intellectuel qui n’a rien à voir avec Sciences Po ? Les vases étrusques ? Les bigorneaux ?
Un art ? La littérature ? Un auteur ? Un livre en particulier ?
Le cinéma ? Un réalisateur ?
La danse ?
Un sport ?
Une philosophie ?
Une activité ? Le tricot ?
etc, you get the point
Moi par exemple j’aime :
les philosophies orientales
la psychologie
la paléoanthropologie
Alors je cite ces trois là, j’aurai pu citer autre chose, mais ces 3 là disent quelque chose : toutes les 3 sont une approche de la compréhension des hommes. Spiritualité orientales, psychologie, études des préhumains. D’où on vient ? Pourquoi on fonctionne comme ça ? Comment on peut faire mieux ? C’est des questions qui me travaillent. My point is : faire le choix de ces 3 sujets devant un jury par exemple, ou même dans un écrit, dit-quelque-chose-de-moi (vous commencez à comprendre, j’espère).
Et il n’y a pas de goûts ou d’intérêts qui valent plus que d’autres. Au Repaire, on a eu des accros au tennis, des accros à la poésie ou à Twilight, des boxeurs (et boxeuses), des passionnés de numismatique ou même de rêves lucides (que moi j’ai personnellement découvert à cette occasion). L’important c’est que ça vienne vraiment de vous.
L’idée va être, bien sûr, d’exploiter ces goûts ou intérêts pour mettre en avant une facette de votre personnalité dans votre dossier ou devant le jury, et c’est à ce moment que vous déciderez de quoi utiliser ou non. Pour l’instant, contentez-vous d’être authentiques, et de coucher sur le papier les trucs qui vous intéressent vraiment.
Exercice 1:
Listez vos intérêts intellectuels & humains “hors Sciences Po”
Module 2: Connaître votre personnalité
Aspect suivant qui vaut le coup d’être exploré : votre personnalité. Vous avez tout.e.s des traits de caractère, des manières de fonctionner, des qualités, des défauts. Et c’est important d’en être conscient.e, de pouvoir en parler. Mais derrière, ce qui nous intéresse, plus que vos qualités ou défauts, c’est la maturité qu’il faut pour prendre du recul dessus.
Bien sûr, il y a des qualités que Sciences Po recherche, et à côté desquelles vous ne pouvez pas passer. Par exemple, la curiosité, on l’a dit. C’est quelque chose que Sciences Po met beaucoup en avant, et à notre sens à juste titre. De la même manière, il y a certains défauts qui auront beaucoup de mal à passer.
Exemple : l’arrogance (mais ce n’est pas lié à Sciences Po, c’est assez universel pour un auditoire, d’ailleurs ça sort souvent dans les rapports de jury). Au delà des quelques qualités recherchées (curiosité, ouverture, etc, allez voir sur leur site), l’important, c’est (nos excuses encore) d’être vous-mêmes.
Etre qui vous êtes, on en reparlera quand vous préparerez votre oral, implique un petit travail d’introspection, et ensuite, un certain courage, celui d’être authentique. C’est que la tentation de jouer le rôle du parfait Sciences Po est grande. Ce que vous vous ne savez pas, c’est qu’on voit à travers votre rôle. Conseil donc : mettez en avant qui vous êtes vraiment, ça marche tellement mieux.
Exemple. Notre ami Loïc, candidat 2019. Lors de notre premier entretien blanc, la discussion a voulu qu’on lui demande – question un peu piquante – si le regard des autres était important pour lui. Là où tout le monde aurait soit bloqué, soit bafouillé quelque chose sous cape, soit fait un salmigondis de startuper en mode “je me fiche de ce que les gens pensent de moi, moi je suis un original” (tu parles), Loïc nous a bluffé avec un : “oui, j’y attache de l’importance. J’aimerais me défaire un peu plus du regard des autres, mais je constate que la manière dont les gens me voient, ça m’influence etc”. C’était désarmant de sincérité, et il a (à notre goût) marqué pas mal de points de maturité avec cette réponse.
Commencez par faire un peu le tour de votre personnalité. Vous pouvez y aller avec papier crayon, avec des tests de personnalité, ou en demandant aux gens.
L’important, c’est de pouvoir, avec votre petite introspection, dégager quelques traits de personnalités qui vous permettront de montrer au jury que vous avez du recul sur vous mêmes…et donc de la maturité.
Toute dernière chose sur le sujet : vous le savez peut-être (ou pas), mais nous autres humains avons des caractères et des personnalités extrêmement plastiques. On s’adapte à tout un tas de choses, nos parcours, notre éducation, les opinions des autres, nos limites. Bref. On peut tout à fait avoir des traits de personnalité qu’on a appris, et qui en vrai, ne nous correspondent pas du tout. On vous dit ça pour ne pas que vous vous figiez dans telle opinion ou tel diagnostic sur vous. Vous pouvez vous tromper, et en fait, vous vous trompez sûrement à un certain degré. Donc, c’est pas qu’il ne faut pas le faire, mais il faut voir que l’exploration de soi est quelque chose d’ouvert, qui s’arrête jamais, méfiez vous de l’envie de fixer des traits de caractères, en disant moi je suis comme ça, je suis quelqu’un qui aime. Laissez-vous la porte ouverte au changement, et à l’éclosion, c’est beaucoup plus agréable à la longue. Dans la même logique, il peut être très utile de demander l’avis de vos proches, mais gardez-vous bien de prendre leur parole pour argent comptant. Ils ont leur propre vision de vous, qui ne correspond pas nécessairement à ce que vous pensez de vous, ou ce que vous voulez penser de vous.
Module 3: Introspection guidée
Papier, crayon, c’est parti. Une fois que vous avez votre petite liste (qu’il n’y a pas forcément besoin de séparer en positifs et négatifs, d’ailleurs), double-checkez la en vous demandant, pour chaque : est-ce que je suis sûr.e de ça ?
Exercice 2: Faites le test MBTI
Il est loin d’être parfait, mais on trouve qu’il dit quand même des choses. L’important n’est pas de trouver des réponses, mais de creuser.
Exercice 3: Demandez aux autres vos traits de personnalité
Mettez un mot à vos proches (amis, famille, ceux qui vous connaissent bien) et demandez-leur de vous décrire au plus juste. Par exemple, en leur demandant 3 traits positifs, 3 négatifs. Ou 5 traits, quels qu’ils soient. Demandez-leur de donner un exemple, une anecdote de votre vécu pour justifier chaque choix.
Vous pouvez aussi leur demander les métiers, ou les zones de métiers dans lesquels ils vous verraient bien compte tenu de la personnalité qu’ils auront décrite.
Vous pouvez aussi leur demander de confirmer / infirmer / commenter les traits que vous aurez trouvé de votre côté.
On laisse la question assez ouverte, d’autant que vous n’êtes pas forcément tout.e.s à l’aise pour aller risquer votre égo face à votre entourage. Faites ce qui vous met à l’aise, et dépassez un peu 🙂
Module 4: Connaître vos valeurs
Approfondissons la connaissance de vous-mêmes, et attaquons-nous à vos valeurs. Pourquoi ? Parce que c’est (à notre sens en tout cas), un truc bien puissant pour se connaître.
Alors, valeurs, de quoi on parle ? On va éviter le jargon, mais en gros. Dans un papier (Values and Behavior, strength and structure of relations, Personality and Social Psychology Bulletin, 2003), les chercheurs Bardi et Schwartz donnent une définition de ce que sont les valeurs qui retient notre attention, parce qu’ils sont spécialistes de la question, mais surtout parce qu’elle est simple : “values convey what is important to us in our lives”.
Voilà qui est simple : les valeurs, c’est ce qui est important pour nous.
Comment connaître ses valeurs ?
En notant sur un papier les choses qui sont importantes pour vous, dans votre vie, en lien avec Sciences Po ou pas, vous pouvez faire deux fois l’exercice. Puis en les classant.
Exemple dans le cadre d’une projection à Sciences Po :
-Rencontrer du monde
-Apprendre de nouvelles choses
-Etre stimulé.e intellectuellement
-Gagner de l’argent
-Etre prestigieux (oui, il faut même mettre les trucs moins avouables)
-Travailler en équipe, ou seul
-Aller à l’étranger
-Avoir un impact
-Avoir une bonne ambiance
-Avoir un environnement stress-free
Etc etc etc.
La raison pour laquelle on n’en met pas trop, c’est qu’on veut que vous mettiez les vôtres.
Ensuite, on les classe.
Prenez les deux premiers. Si vous deviez choisir entre “rencontrer du monde” et “apprendre de nouvelles choses”, lequel choisiriez-vous ? Entre être avec des personnes chouettes et ne rien apprendre, ou être avec des cons et apprendre plein de choses, qu’est-ce qui est plus important pour vous ?
Ok, rencontrer du monde en 1, Apprendre en 2.
Ensuite, le 3e. Être stimulé intellectuellement. Plus important qu’apprendre des nouvelles choses ou pas ? Oui. En 2 donc. Plus important que rencontrer du monde ? Non. Et vous avez votre nouveau classement :
- Rencontrer du monde
- Être stimulé.e intellectuellement
- Apprendre de nouvelles choses.
Et vous faites ça pour la dizaine ou la vingtaine de valeurs que vous aurez notées. (Attention, ça prend du temps).
Pourquoi est-ce qu’il est intéressant d’aller explorer cette question des valeurs. Parce que les valeurs en disent long sur nous.
Par exemple. Moi Alexis, j’ai dans les premières places de mon classement de valeurs, l’efficacité. Et j’ai une tolérance assez faible pour l’inefficacité : ça peut être le fait de mettre une assiette où il y avait juste 3 miettes dessus dans une poêle huileuse (wtf ? Maintenant il faut la frotter de fond en comble), ou une réunion où tout le monde donne son avis à tort et à travers sans que ça n’avance.
C’est très utile de savoir ça. Par exemple, aller travailler dans un milieu où il y a plein de réunions, not a good idea pour moi. Autant je peux écouter avec empathie quelqu’un pendant 2 heures s’il a un souci, autant quand il s’agit de prendre une décision en groupe, je me fous des avis ou états d’âmes des uns et des autres s’il ne vont pas assez directement vers la solution. Que voulez-vous, je suis comme ça. Vous vous doutez bien qu’avec une valeur efficacité comme celle-là, le monde associatif ou tout endroit où la prise de décision est très horizontale, genre une réunion de quartier (mon dieu), va vite me poser problème.
Par contre, la valeur “gagner de l’argent”, je m’en bats les rouleaux. Ne me mettez surtout pas à la direction financière d’une entreprise, je vais vous la casser.
Conseil donc : trouvez vos valeurs, c’est très utile pour mieux se connaître. La seule chose à savoir pour bien faire ça : il n’y a pas de valeur qui soit meilleure qu’une autre. Et comme de toute façon, vous ne pouvez pas les changer, soyez honnêtes avec vous mêmes, vous gagnerez du temps 🙂
Exercice 4: Cartographier ses valeurs
1) En lien avec Sciences Po
Exemples :
-Rencontrer du monde
-Apprendre de nouvelles choses
-Etre stimulé.e intellectuellement
-Gagner de l’argent
-Etre prestigieux (oui, il faut même mettre les trucs moins avouables)
-Travailler en équipe, ou seul
-Aller à l’étranger
-Avoir une bonne ambiance
-Avoir un environnement stress-free
2) Valeurs générales
Exemples :
-L’honnêteté
-L’efficacité
-L’empathie et l’attention aux autres
-L’humour, le fait de se marrer
-Le plaisir
-L’utilité de ce qu’on fait
-L’amitié
Etc
Module 5: Le projet professionnel
Deuxième partie de la connaissance de soi, les questions de ce qu’on veut faire de manière générale, de ce qu’on vient faire à Sciences Po, et de ce qu’on aimerait faire après.
Savoir ce qu’on aime / veut faire
Soyons très brefs, parce que la question est dure (et honnêtement, sans fin).
On vous pose deux questions :
1) La question du génial Alan Watts. What would you do if money were no object ?
Qu’est-ce que vous feriez si l’argent n’était pas un problème ? Si l’Etat vous payait un appartement, de quoi vous nourrir, et une carte vitale, et une carte de transport. Qu’est-ce que vous feriez de votre temps ?
Si votre première réaction c’est “je veux piloter un A320 pour Easyjet” ou “je veux enseigner le Yoga”…alors, conseil de vieil ami du Repaire, on ne peut pas vous dire “lâchez Sciences Po et faites ça”, mais on vous conseille de sérieusement vous poser la question ! Il n’y a aucune obligation de faire Sciences Po 🙂
Maintenant si votre réponse va plutôt vers du “je m’engage dans X ou Y pour le droit des minorités”, “je veux faire Z pour améliorer la vie des animaux / développer telle partie de l’économie”, ou tout autre chose qui implique Sciences Po d’une manière ou d’une autre, alors continuez avec ce chapitre !
2) Qu’est-ce que vous feriez si vous n’aviez peur de rien ?
Rien ne peut rater, rien ne peut vous démolir, vous ne pouvez pas vous tromper. A quoi vous passez votre temps ?
Nota bene : on le disait en intro, mais sur ces deux questionnements en particulier, ne cherchez pas une réponse définitive et absolue. Ça va et ça vient, l’important c’est de se les poser à un moment, qui sait, peut-être en sortira-t-il quelque chose !
Connaître ses motivations (ou l’importantissime question du “Pourquoi Sciences Po”)
Ensuite, le pourquoi de Sciences Po. Pourquoi est-il important de chercher ses motivations pour l’IEP ? Pour deux raisons.
La première c’est qu’il est rudement efficace de fonder son argumentaire là-dessus (que ce soit dans le dossier ou en entretien). Remember : people don’t buy what you do, people buy why you do it.
La deuxième, c’est que le jury la sentira de toute façon, alors autant en être conscient et jouer dessus.
La question qu’on se pose, c’est : pourquoi / pour quoi vous venez à Sciences Po ? Et pourquoi à Sciences Po et pas ailleurs ?
Alors on vous voit venir : pluridisciplinarité, ouverture d’esprit, international, engagement, gnagnagna.
Certes. On objectera qu’une école de commerce est bien multi-disciplinaire également, que l’ouverture d’esprit vous en trouverez à la Sorbonne, que l’international, allez donc aux Langues O pour voir, et pour l’engagement, allez passer un coup de main au Secours Populaire ou rejoignez un parti et laissez Sciences Po tranquille.
On repose la question : pourquoi Sciences Po ?
C’est là que vous voyez qu’il faut descendre plus profond.
Est-ce que Sciences Po est nécessaire pour atteindre un métier particulier ?
Est-ce que vous y allez pour les matières qui y sont proposées ? (et on vous conseille dans le prochain chapitre d’aller les explorer)
Pour une ambiance qui vous séduit ?
Mais aussi, pour le prestige ? (c’est recevable comme idée, même si on ne le conseille pas comme premier argument)
Pour les portes que l’école ouvre ? Lesquelles ?
Pour certaines problématiques ? Pour certains profs ? Pour certaines assos ?
Bon, et ensuite. Pourquoi ? Vous voulez changer le monde ? D’accord. Pourquoi vous voulez changer le monde ?
Tirez sur le fil, allez jusqu’où vous pouvez. Les éléments de réponses n’aideront peut-être pas pour les argumentaires (“je veux que les gens soient heureux” n’aide pas toujours face à un jury), mais il vous ancrera dans le réel.
Explorer son projet professionnel (ou du moins se poser la question)
Commençons par répondre à la question qui fâche : faut-il un projet pro en première année ? Et la réponse est clairement non. Sciences Po ne le dit pas clairement sur son site, mais il y a tout un tas d’indices qui montrent que ce n’est pas attendu de vous.
Exemple : “Comment s’intègrent-ils dans votre projet professionnel si vous en avez déjà un ?” “Si vous en avez déjà un” veut dire : c’est pas obligatoire. Et ça tombe sous le sens. On ne vous demande pas de savoir ce que vous voulez faire de votre vie à 17 ans. Pour ceux qui ont une idée, tant mieux pour vous, pour les autres, ce n’est pas grave du tout, on a le droit de ne pas avoir tout prévu à cet âge-là.
Pourquoi se poser la question alors ? Parce que c’est ce qui intéresse le jury. On ne veut pas de réponse, on veut voir que vous vous êtes posé la question. En gros, que vous êtes acteur.trice, pro-actif.ve, whatever mot corporate qui dit que vous vous bougez et n’attendez pas gentiment que ça vous tombe tout cuit dans le gosier.
Et de ce point de vue, ça va être pratique d’avoir au moins une orientation, ou une zone d’intérêt professionnelle, même si vous n’avez pas besoin d’en connaître le détail. Parce que même si vous n’y êtes pas obligés, le fait d’avoir un cap (au moins une orientation, on vous dit), genre -travailler dans l’éducation – l’humanitaire – les métiers du droit, ça va donner du muscle à votre argumentation, à votre pourquoi Sciences Po, et si vous avez fait quelques recherches sur ces domaines-là, c’est une occasion très facile de marquer des points.
On verra dans le cours sur l’oral comment amener son projet pro si on en a, et comment montrer qu’on s’est posé la question si on n’en a pas. Pour l’instant, contentons-nous d’explorer les grandes lignes.
On vous propose deux manières de faire : d’abord, au coeur, ensuite, à la tête.
Y aller au coeur
Moi, Alexis, si je devais dire, idéalement, ce que je veux faire, je dirais que je veux
1) aider les gens, être gentil avec les gens (je sais c’est ridicule, mais c’est ce que je ressens)
2) raconter des histoires
3) construire des trucs intellectuels, jouer avec les idées, mieux penser les choses (et contre-dire ou déconstruire ce qui ne marche pas)
Je ne peux pas dire avec certitude que le Repaire me permet de faire ces 3 choses-là, mais on n’en est pas si loin, même s’il manque sans doute quelques dimensions. Aucun job n’est parfait.
Si on m’avait demandé ce que je voulais faire, je n’aurais jamais pensé à dire “créer le Repaire”. Mais j’aurais pu formuler les 3 points ci-dessus, et imaginer qu’il s’agirait d’un job d’enseignement, ou de conférencier, ou quelque chose dans ce goût.
Première idée donc : essayez d’écouter ce que dit votre coeur / votre ventre, bref, votre envie la plus spontanée. Oubliez les limites, les empêchements, les difficultés, les “ça n’a jamais été fait”. Juste, ce que vous dit votre ventre. Vous entendrez peut-être quelque chose !
Y aller à la tête
Deuxième manière, par la logique. Plus facile.
Est-ce qu’il y a un enjeu qui vous intéresse ? Le droit des femmes ? L’environnement ?
Un secteur ? L’éducation ? L’agriculture ? L’énergie ?
Une occupation concrète ? Vous aimez le rapport aux gens ? Le travail d’analyse ? L’écriture ? L’action ?
Vous voulez travailler à l’étranger ? Avec plein d’autres gens ou seul ?
Vous voulez trouver des solutions ? Construire quelque chose ?
Petit tips : Sciences Po publie assez fréquemment des portraits d’alumnis, c’est-à-dire d’anciens diplômés. Allez checker leurs bio et leurs parcours pro et vous vous rendrez compte de la diversité et de la mobilité des parcours. Ça donne des idées, et ça rassure aussi.
Conclusion
Entre la connaissance de ses intérêts intellectuels, ses traits de caractère, ses valeurs, ses motivations profondes pour Sciences Po, son projet pro, normalement, vous commencez à être équipés pour attaquer la lettre, puis le jury.
What do you desire – Alan Watts (Youtube, 3 min) (désolé pour la vidéo et pour la musique, mais c’est la seule version de cette conférence avec des sous-titres).
“People don’t buy what you do, people buy why you do it” – TED de Simon Sinek, (Youtube, 20 min)
